Interview - Karine Deshayes


Considérée comme l'une des meilleures mezzo-sopranos de sa génération et trois fois sacrée Artiste Lyrique de l'année aux Victoires de la Musique, Karine Deshayes nous fait l'honneur de cette interview à quelques jours de son récital au Théâtre du Capitole. (Re)découvrez cette artiste lyrique incontournable !

Karine Deshayes

Karine Deshayes, nous aurons le plaisir de vous accueillir à Toulouse le 28 février prochain à l’occasion d’un récital où vous partagerez la scène avec le baryton Florian Sempey, pourriez-vous nous présenter ce programme ?  

Ce sera un programme entièrement consacré à Rossini, l’un de nos compositeurs de prédilection, à travers des airs et duos d’opéras et des mélodies. Rossini est célèbre pour le caractère bouffe de son œuvre, mais il a aussi composé des pièces plus profondes et mélancoliques comme par exemple La Légende de Marguerite, qui est une adaptation de la courte romance que chante Angelina au début de La Cenerentola. Ce sont ces deux facettes de Rossini que nous voulons montrer.
 

Le public toulousain a par ailleurs eu la chance de vous voir à l’affiche de nombreuses productions au Théâtre du Capitole, quel est votre lien avec la Ville de Toulouse ? 

Je viens à Toulouse depuis 2003, plus de vingt ans déjà ! J’y ai chanté dans sept productions, et j’ai eu la chance d’y faire cinq prises de rôles, dont Niklausse dans Les Contes d’Hoffmann, le rôle-titre de La Périchole sous la direction de Nicolas Joël, et la saison dernière, La Comtesse dans Les Noces de Figaro avec Christophe Ghristi. Le public de Toulouse m’a presque vu débuter. J’ai chanté au Capitole, mais aussi à la Halle aux Grains. C’est aussi à Toulouse que j’ai reçu ma deuxième Victoire Artiste Lyrique en 2016. Par ailleurs j’ai tissé des liens d’amitiés avec plusieurs personnes qui m’ont découverte ici. Toulouse est aussi une ville où il fait bon vivre, dans laquelle j’aime passer du temps lorsque je viens en production. Et dans un autre registre, Toulouse de Nougaro est l’une de mes chansons préférées ! Vous voyez, les liens sont nombreux.
 

Quels seront les autres temps forts de votre saison et quels projets attendez-vous avec impatience ? 

Les temps forts, que j’attends avec impatience, seront là encore des prises de rôle. L’une scénique : Norma à Strasbourg en juin, et deux autres en version de concert : Vitellia dans La Clémence de Titus de Mozart en juillet au Festival d’Aix-en-Provence, et Madame Cortese dans Il viaggio a Reims au Festival Rossini de Pesaro en août.
 

Aux côtés de l’Opéra et de l’Orchestre national du Capitole, Aïda défend l’ouverture et l’accessibilité de l’art lyrique au plus grand nombre. En tant qu’artiste, quel regard portez-vous sur cette mission ?

Elle est indispensable. Je m’y associe d’ailleurs régulièrement à travers des rencontres avec le jeune public. Par exemple lorsque je chantais Charlotte dans Werther en juin 2019 au Capitole, je suis intervenue dans une classe unique dans une école primaire dans la commune de Generville dans l’Aude. J’y ai rencontré les enfants qui sont ensuite venus à Toulouse assister à la Générale. C’était très émouvant de les retrouver et de voir qu’ils ont suivi l’ouvrage avec beaucoup d’attention et de passion. Parallèlement je participe régulièrement à des « petits festivals » estivaux. C’est à chaque fois l’occasion d’aller à la rencontre d’un public qui n’a pas l’occasion de fréquenter les grandes salles de concert ou d’opéra.
 

Pour mener à bien ces projets, nous comptons sur le soutien de nombreux mécènes. Que pensez-vous de l’engagement des entreprises en faveur du spectacle vivant ? 

Cet engagement est primordial, au moment où dans certaines maisons les subventions sont en baisse. Nous avons besoin de mécènes et de personnes passionnées pour que le spectacle vivant perdure.
 

Un mot pour terminer ?

Rendez-vous le 28 février au Capitole, avec Florian Sempey et Daniela Pellegrino, une pianiste italienne, spécialiste de Rossini. Elle jouera d’ailleurs deux pièces pour piano seul. Nous avons hâte de vous retrouver !

Un grand merci à Karine Deshayes !

 

Opéra
23
février
2024