Interview - Juliette Mey


Couronnée dans la catégorie Révélation artiste lyrique des Victoires de la Musique classique 2024, Juliette Mey est également lauréate des prestigieux Concours Reine Elisabeth et Voix Nouvelles 2023. Nous sommes très heureux d'avoir pu échanger avec cette jeune artiste originaire de Toulouse que nous aurons le plaisir de suivre tout au long de sa carrière prometteuse ! 

Juliette Mey

Juliette Mey, vous avez remporté il y a quelques jours une Victoire dans la catégorie « Révélation artiste lyrique », qu’avez-vous ressenti lorsque Karine Deshayes vous a remis ce prix ?

C’était très émouvant de recevoir cette Victoire des mains de Karine, c’est lourd de sens pour moi car nous avons des voix qui se destinent au même répertoire et j’admire énormément l’artiste qu’elle est.
 

Vous avez commencé le violoncelle au Conservatoire de Toulouse avant d’intégrer à l’âge de 11 ans la Maîtrise de Toulouse, quels souvenirs gardez-vous de vos années d’études dans la Ville Rose ?

Le CRR de Toulouse est le lieu où tout a commencé. J’y ai passé 14 ans, c’était vraiment une seconde maison. J’y ai rencontré des professeurs qui ont énormément compté dans ma construction en tant que musicienne : Jérôme Cuvillier avec qui j’ai fait mes études de violoncelle pendant plus de 10 ans, Mark Opstad le directeur de la Maîtrise de Toulouse et bien évidemment Léa Pasquel ma professeur de chant. J’ai également rencontré mes plus proches amis, qui sont aujourd’hui des musiciens que j’admire et avec qui je travaille. 

Pour être honnête, je voulais plutôt privilégier le violoncelle au départ mais j’ai vite changé d’avis après quelques mois de Maîtrise. Nous faisions environ 15 concerts et un enregistrement de CD par an, le tout avec de très hautes exigences musicales. La pratique de l’ensemble pour un musicien en construction est par ailleurs extrêmement importante : apprendre à écouter les autres, fondre sa voix pour trouver le meilleur timbre d’ensemble, cela fait naître un bel esprit d’équipe et une humilité. J’ai également eu la chance de commencer à chanter des solos en concert à 14 ans, puis de plus en plus régulièrement. Après ça, je n’ai plus pu imaginer ma vie sans monter sur scène. 
 

Avez-vous des souvenirs particuliers au Théâtre du Capitole ?

C’est dans ce théâtre que j’ai assisté à mes premiers opéras mais c’est surtout dans ce théâtre que j’ai eu la chance de chanter dans L'Enfant et les Sortilèges en 2011 alors que j’étais à la Maîtrise. Après la première représentation, je suis sortie de scène et je me suis demandée pour la première fois  « comment je vais vivre sans la scène ? ». Ce qui est amusant c’est que l’idée de devenir chanteuse lyrique à cette époque me paraissait impossible et je ne l’envisageais pas du tout.
 

Quel est le répertoire que vous aimez aborder et quels sont les projets que vous attendez avec impatience ?

Ma voix se plaît dans le répertoire Italien, Monteverdi, Vivaldi, Haendel, Mozart, Rossini. C’est un répertoire que j’adore chanter mais j’aime également explorer d’autres choses. Je chante beaucoup de baroque, c’est idéal pour ma voix aujourd’hui, mais cela ne m’empêche pas d’aborder du répertoire du XIXème siècle. J’essaie de cultiver la polyvalence de mon instrument. 
 

Aux côtés de l’Opéra et de l’Orchestre national du Capitole, Aïda défend des projets d’ouverture de l’art lyrique en faveur de la jeunesse. Selon vous, comment faire pour sensibiliser les plus jeunes à la musique classique ?

Je suis persuadée que sensibiliser les jeunes mais surtout faciliter l’accès aux jeunes à l’opéra est primordial. Je fais ce métier pour partager la musique avec le public et essayer de lui apporter quelque chose de positif. J’aimerais que tout le monde puisse avoir la possibilité de bénéficier de cette expérience.  

J’ai chanté l’an dernier au Théâtre des Champs-Elysées la Cenerentola de Rossini dans une version participative pour enfants. Nous avons donné de nombreuses représentations scolaires et certaines étaient adaptées pour un public mal entendant ou mal voyant. Nous avons joué devant 10 000 enfants qui ont chanté certains passages de l’opéra avec nous. C’était une expérience formidable, les retours des enfants étaient très enthousiasmants et c’était incroyable de voir la magie dans leurs yeux. Après une telle expérience, on sait pourquoi on fait ce métier. Je pense que ce type de projet peut aider les enfants à pousser les portes d’un opéra une seconde fois et j’espère que ces initiatives vont se multiplier !

 

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22
Mars
2024