Interview exclusive - Claire Chazal
« Il faut rapprocher les mondes de l’entreprise et de la culture. Aujourd’hui, personne ne peut vivre sans mécènes ! »
Dans le cadre de notre engagement avec le Festival de Toulouse, nous avons eu la chance d'échanger avec Claire Chazal. Elle partagera la scène en tant que récitante avec Edwin Crossley-Mercer (baryton), Adam Laloum (piano) et Vincent Chaillet (danse) à l'Auditorium Saint Pierre des Cuisines le dimanche 9 juillet à 21h.
Claire, nous aurons le plaisir de vous retrouver le 9 juillet prochain à l’occasion du spectacle Brahms - La Belle Maguelone dans lequel vous êtes récitante. Pourriez-vous nous dire quelques mots sur ce spectacle ?
Ce spectacle a été imaginé lors d’un séjour en Corse où nous nous sommes retrouvés avec Vincent Chaillet (danse), Edwin Crossley-Mercer (baryton) et Adam Laloum (piano). Ils m’ont proposé de raconter cette histoire d’amour qui se rapproche d’un conte du Moyen-Âge. Je connaissais Vincent Chaillet depuis de nombreuses années, je l’ai rencontré lorsqu’il était membre du Ballet de l’Opéra de Paris. Ce projet est donc avant tout une histoire d’amitié et j’ai la chance d’être entourée sur scène de trois grands artistes.
Il s’agit d’un spectacle pluridisciplinaire, accordez-vous une importance particulière à la transversalité des disciplines artistiques ?
Oui, je connais pour ma part davantage la danse car je la pratique depuis mon enfance. J’ai d’ailleurs été enchantée d’observer les répétitions et de travailler avec Vincent sur ce projet. Mais j’aime aussi beaucoup les voix, la musique, et je suis très heureuse de travailler avec Edwin et Adam. Je pense que toutes les formes d’art demandent à être partagées. Ce spectacle en est un beau témoignage.
Le Festival de Toulouse est un jeune festival qui connait cette année sa deuxième édition. Que pensez-vous de ces nouveaux projets qui demandent à trouver leur public et à être défendus ?
Ces projets sont tout à fait essentiels, il est primordial de soutenir les nouvelles initiatives de programmation et les jeunes artistes. Cela permet de (re)découvrir des lieux historiques et emblématiques mais également de faire découvrir la culture au plus grand nombre. Il faut conquérir de nouveaux publics. Ces initiatives font également vivre économiquement les lieux de programmation. N’étant pas une artiste, je suis heureuse de soutenir le spectacle vivant en tant que lectrice ou en tant que journaliste.
Avez-vous toujours pratiqué une activité artistique ?
Je pratiquais la danse quand j’étais plus jeune mais mon travail de journaliste a ensuite occupé une grande partie de mon temps. Il y a environ 15 ans, TF1 m’a proposé d’animer une émission de levée de fonds et j’ai travaillé à cette occasion avec un chorégraphe. Grâce à cela, j’ai repris la danse et je n’ai pas cessé de prendre des cours depuis. Il faut encourager la pratique artistique ou sportive et permettre à chacun de trouver la pratique qui lui correspond.
Aujourd’hui, le secteur culturel connait des difficultés, qu’en pensez-vous ?
La culture est absolument essentielle pour notre société. Le secteur a bien évidemment souffert de la pandémie de Covid-19 mais nous pouvons nous réjouir du soutien qui a été apporté par le secteur public en France. Aujourd’hui, les salles ont retrouvé des niveaux de fréquentation enthousiasmants mais la hausse des coûts impacte fortement les établissements. Le public est de retour mais il faut continuer à aider les structures pour défendre la diversité culturelle.
Le mécénat culturel peut-il selon vous répondre aux défis du secteur ? Que souhaiteriez-vous dire aux entreprises qui s’engagent aujourd’hui ?
En France, nous n’avons pas un recours naturel au mécénat comme cela peut être le cas dans d’autres pays. Nous avons la chance d’être subventionnés par le service public mais un apport extérieur est devenu fondamental. Il faut rapprocher les mondes de l’entreprise et de la culture. Aujourd’hui, personne ne peut vivre sans mécènes ! C’est une façon de vivre ensemble : par le biais de la culture, nous associons sur un même territoire des artistes et des entrepreneurs.
J’ajoute que le dispositif de réduction fiscale est un véritable accélérateur du mécénat en France et que nous devons le présenter plus massivement aux dirigeants d’entreprises. Le mécénat est également un outil au service des entreprises pour leur permettre de créer du lien (avec les salariés ou avec les clients) et de favoriser leur rayonnement extérieur. Les échanges entre artistes et entrepreneurs sont vitaux et apportent un supplément d’âme à ces deux univers.
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Un grand merci à Claire Chazal pour cet échange et ses réponses.
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